1) Uruffe depuis le Moyen-Âge jusqu'à la révolution
Le 17ème un siècle de guerres. Le redressement au 18ème siècle.
Uruffe fut au Moyen-Age un village pauvre, très peu
peuplé, ce qui devait lui valoir un allègement de charges de la part
des Ducs de Bar afin de favoriser son peuplement. Ne disait-on
pas : « A Yaireuf, le diable Y crève », de faim ?
Uruffe appartient au Barrois mouvant, par opposition au
Barrois indépendant. En fidèles du roi de France, les comtes puis les
ducs de Bar accomplissent périodiquement pour le Barrois mouvant la
cérémonie de la foi et de l’hommage, et s’acquittent envers le roi du
devoir des vassaux qui est d’aider son seigneur ou suzerain à la
guerre. La mouvance, instrument de pénétration française, fut parfois
contestée au 16ème siècle, et allait devenir au 17ème sous Richelieu et
Mazarin un des points du contentieux entre le roi et Charles IV, duc de
Lorraine et du Barrois. Les duchés allaient se trouver entrainés dans
les guerres aventureuses de son duc, allié aux Habsbourg catholiques
contre le roi de France allié aux princes protestants.
L’abbé Petitgand évoque dans ses notes la guerre de
Trente Ans où le bourg d’Uruffe fut détruit comme tant d’autres par les
Suédois. Après la paix de 1648, la guerre se poursuivait avec l’Espagne
jusqu’en 1659 pour reprendre un peu plus tard. En 1650,
d’après les archives communales, le village aurait compté 138
habitants.
Lorsque Léopold sera appelé à gouverner les Duchés en
1697, la dépopulation et la misère sont générales. L’Etat des Paroisses
de 1707 indique pour Uruffe 36 feux, le feu comprenant 4 ou 5 membres,
selon les normes retenues. Le nouveau duc se tiendra prudemment à
l’écart de la guerre de Succession d’Espagne. La période de stabilité
qui s’ouvre sera marquée par le redressement économique, le
développement des communications et celui de l’agriculture.
Stanislas, dit le Bienfaisant, sera le dernier duc de Lorraine et du
Barrois qui reviennent à la France à sa mort en 1766.
Depuis 1751, Uruffe relève du bailliage de Lamarche.
Lepage estime à 82 feux la population à la veille de la
Révolution, soit au plus 410 individus (fourchette haute). En 1772, le
curé Husson a décompté 290 paroissiens ayant communié, à
l’exclusion des jeunes enfants. Des statistiques finalement assez
proches.
En 1789, Antoine Louis Simonet, notaire royal, et Mansuy
Fringant sont désignés par les habitants pour les représenter au
bailliage et élire ses députés du Tiers-Etat à l’Assemblée
Constituante. Une nouvelle ère s’ouvre.
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Ci-dessous
une table des matières indiquant les grands titres traités.
A côté et
en dessous un bref résumé de chacun de ses pans d'histoires.
En cliquant sur le logo au regard de chacun des titres vous téléchargerez l'article complet au format pdf.
Table des Matières
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- Uruffe depuis le Moyen-Âge jusqu’à la Révolution
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- Les D’Ourches à Uruffe
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- La Paroisse d’Uruffe sous l’Ancien Régime
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- Une famille de nobles à Uruffe au 18ème siècle, Les Cachedenier de Vassimon
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- Uruffe au 19ème siècle
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- La voirie
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- Le moulin d’Uruffe
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- Les écoles
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- Martin Pierson
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- Un nouveau curé, une nouvelle église
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- Un orphelinat à Uruffe
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- Le fort de Pagny-la -Blanche-Côte et la batterie d’Uruffe
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- Le 20ème siècle jusqu’aux années Trente
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- - Uruffe-sur-la-Departementale-18
Monographie d'URUFFE
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2) Les D’Ourches à Uruffe
Les
familles D’Ourches ont appartenu jusqu’en 1300 à la chevalerie
champenoise de Joinville. Le chevalier au Moyen-Age est celui qui
peut combattre à cheval pour un seigneur, auquel il a été lié par une
cérémonie de caractère religieux, l’adoubement. Les D’Ourches, à ce
titre, ont été des vassaux du seigneur de la terre de Joinville. Après
1300 et jusqu’en 1600, ils font partie de la chevalerie barroise qui
dépend du Duc de Bar.
En 1611, on trouve
un certain Jehan D’Ourches d’Uruffe, qui habite la maison-forte du
village. Il aurait pu participer avec ses frères au tournoi donné à Bar
le 8 mai 1564 en l’honneur de Charles IX et de la Cour.
Jehan est
l’ancêtre des Dourche d’Uruffe dont le patronyme s’écrit dans les
actes paroissiaux avec quelques variantes
3) Uruffe, une paroisse sous l’Ancien Régime
La paroisse est à la fois une circonscription
ecclésiastique et une division administrative relevant avec son annexe
Gibeaumeix du doyenné de Vaucouleurs et de l’officialité de Bar, un
tribunal diocésain qui traite des affaires ecclésiastiques.
Le patronage de la cure d’Uruffe appartient au Chapitre
cathédral de Toul. La nomination du curé obéit à l’alternative selon
laquelle la désignation de celui-ci est réservée au Pape les mois
impairs, au Chapitre les mois pairs.
Les revenus curiaux comprennent les dîmes, les quêtes et
les messes. La dîme du curé sert à son entretien, à celui de
l’église et au culte. Le chapitre et le curé perçoivent chacun le tiers
des dîmes sur les récoltes, le dernier tiers étant partagé entre quatre
autres bénéficiaires. Pour pallier l’insuffisance de la part du curé,
il lui est octroyé un supplément en terres cultivables et en
près : le bouvrot, dont fait partie le presbytère, généralement
mal entretenu.
Les curés qui se sont succédés depuis 1650 jusqu’à la
Révolution : Laurent Chrétien, Louis Boyard à partir de 1665
environ jusqu’à 1710, puis Charles Guillemin ; en 1750, Jean
Thouvenot un Docteur en Théologie. Jean Husson lui succédera et
décédera à Uruffe le 24 mai 1793. Rallié à la Constitution civile
du clergé de 1790, il aura vécu douloureusement la mort du roi Louis
XVI.
La vie religieuse s’ordonne autour de la pratique
dominicale et de la célébration des grandes fêtes religieuses du
calendrier liturgique que sont Noël et Pâques. Les confréries, des
associations pieuses de fidèles dont le but est la propagation de la
foi catholique, ont connu un nouvel élan avec le Concile de Trente. La
confrérie du St-Sacrement a été fondée à la fin du 17ème
siècle par Louis Boyard et une confrérie du Rosaire existait déjà à
Gibeaumeix en 1651.
Quant aux pèlerinages, ils sont nombreux. Benoîte-Vaux est
le plus florissant de la région, notamment en pleine guerre de
Trente Ans ; les petits sanctuaires locaux proches d’Uruffe font
eux aussi l’objet de pélerinages : la chapelle de Menne, celle de
Notre-Dame-des-Gouttes près d’Housselmont, Notre-Dame-des-Affligés à
Champougny, sans oublier la chapelle St-Fiacre qui domine la vallée de
Quatre Vaux reliant Blénod à Rigny-la-Salle.
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4) Des nobles à Uruffe : les Cachedenier de Vassimon
Il existe à Uruffe une maison fort ancienne, avec tourelle
et fenêtres à meneaux, qui fut au 19ème siècle la demeure de Mansuy
Bernard, laquelle passa ensuite à ses neveux Gromaire-Bernard. Elle
dénote une maison de seigneur qu’occupa Jean de Villesme,
chevalier d’Eloff, jusqu’en 1677. Ses filles, Anne et Catherine y
demeurèrent ensemble jusqu’au mariage d’Anne en 1694 ; Catherine y
resta seule jusqu’à sa mort en 1737 ; elle fut inhumée dans
l’église d’Uruffe.
En octobre 1741, apparaît un certain Benoît Cachedenier de
Vassimon, lequel signait un contrat d’acensement avec la commune
portant sur une terre « les Vassimonnes » cédée à
celle-ci moyennant un cens annuel et perpétuel (monographie Gille
1887-88). Benoît, selon l’abbé Petitgand, avait acheté la maison des
Villesme et ses dépendances, à moins qu’il n’en eût hérité.
Benoît Cachedenier, seigneur de Longueville et d’Uruffe,
appartient à la noblesse de magistrature, dite de robe. Il est Maitre
des Comptes du Barrois comme son bisaïeul. Abraham, son trisaïeul, fut
seigneur du fief de Vassimont près d’Epernay.
Antoine Benoît, fils du précédent, devient
conseiller en 1753 à la Cour souveraine de Nancy, érigée en Parlement
en 1775. Seigneur d’Uruffe et de Brin-sur-Seille, il réussira à faire
ériger en baronnie ses terres d’Aulnois-Vertuzey. On peut suivre
Antoine dans ses tribulations à partir de 1779 pour devenir président
de l’une des Chambres du Parlement, grâce au diaire (journal) du
premier Président Coeurderoy. Un ballet des ambitions auquel participe
Antoine et qui se joue dans les coulisses de la Cour. Ses tentatives
renouvelées demeureront infructueuses, en dépit des appuis dont il se
flatte.
Les Vassimon, grands propriétaires terriens, disposaient
de biens et de revenus importants. La commune se serait vue, à partir
de 1789 ou 1791 selon les sources, intenter un procès par le beau-frère
d’ Antoine Benoît pour défaut de paiement de la redevance fixée par le
contrat d’acensement. En 1822, un certain Guillaume Dordelu de
Naives-devant-Bar, devenu acquéreur de la rente foncière pesant sur les
Vassimonnes, réclamait leur versement. Au terme d’un imbroglio
juridique, la commune sera finalement libérée de sa dette, reconnue
tombée en déshérence par les instances administratives.
Sur la carte de l’IGN au 1/25000 subsiste encore aujourd’hui l’empreinte des Vassimon dans la toponymie.
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5) Uruffe au 19ème siècle
Deux
dominantes caractérisent le siècle : une forte augmentation
de la population dans la première partie du siècle qui atteint 888
habitants en 1846 et qui ensuite se stabilise jusqu’en 1881. Le
corollaire, une progression des cultures grâce aux défrichements.
La route n° 18, des carrières réputées et des forêts étendues ont pu
contribuer au développement de la localité.
L’épidémie de choléra de 1854 ne s’est pas traduite
dans les tables de mortalité. L’état-civil y fait état de 23 décès, et
de 21-22 décès les années précédant l’épidémie, qui a très sévèrement
touché Gibeaumeix et Blénod-les -Toul, notamment en été.
En 1881 Uruffe compte 928 habitants, une progression due à
une population exogène, soit une population éparse de 30 individus
résidant au fort et, décomptés à part, deux membres de corps de troupe
et 15 ouvriers étrangers employés à des travaux publics ; les
trois religieuses encadrant les 18 pensionnaires de l’orphelinat font
partie de la commune (population agglomérée).
La mise en valeur de la vallée de l’Aroffe a été rendue
nécessaire car il faut nourrir les habitants. La culture des terres
obéit à l’assolement triennal sans jachère, celle-ci étant valorisée
par la culture de la pomme de terre qui fait l’objet d’un commerce
important ; les bêtes à cornes sont peu nombreuses en
raison de la faible superficie des prairies ; par voie de
conséquence, un manque de fumier et des rendements faibles.
Toute une partie de la population gravite autour du
secteur de la construction. On y rencontre aussi un bon nombre de
tisserands. Les commerces d’alimentation, s’ils sont pratiquement
inexistants en 1846, sont bien représentés en 1881. On note déjà en
1846 la présence de trois aubergistes, le trafic et le roulage s’étant
beaucoup développés sous la Monarchie de Juillet. En 1881 les activités
se sont nettement diversifiées. Le recensement affiche alors une main
d’œuvre féminine salariée de couturières et de brodeuses. Quant à
l’artisanat, il va s’enrichir de trois horlogers ; on
note un barbier, un perruquier et un tailleur d’habits en cette
fin de siècle.
La population en 1901 n’atteint plus que 739 habitants. La
ville et les zones industrielles en pleine expansion ont commencé à
drainer toute une population pauvre d’origine rurale, qui espère y
trouver un emploi plus rémunérateur, un phénomène que l’on retrouve un
peu partout en France.
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6) La voirie
Travaux de voierie
Paru dans le journal du 14 mars 1823 : le
20 mars, il sera procédé par devant M. le Sous-Préfet de Toul à
l’adjudication aux rabais de la construction de quatre ponts à Uruffe.
Devis-plan des ouvrages à consulter au secrétariat de la
Sous-Préfecture :
- le grand pont au croisement de la route et du ruisseau
- le pont du moulin ; il doit être reconstruit car il sert de communication avec les
communes meusiennes de Pagny et Champougny, voire Sepvigny
- deux autres ponceaux sur le ruisseau de la Deuille
En 1863, le chemin dit de Champougny est classé au nombre
des chemins vicinaux : 1743 m de longueur et largeur légale fixée
à 6 m, non compris les fossés et les talus, et ce pour faciliter les
communications entre les deux communes.
La rue de la Route, qui relie le Saintois à
Vaucouleurs fera l’objet de plusieurs élargissements au 19ème siècle.
Une route très fréquentée, qui a donné naissance à une légende :
le Trou du Carrosse…
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7) Le moulin d'Uruffe
Son
existence, il appartenait alors au chapitre de Toul, est attestée au
17ème siècle. Construire et entretenir un moulin coûtaient fort cher,
c’est pourquoi la plupart des moulins sous l’Ancien Régime
appartenaient à des seigneurs, souvent ecclésiastiques. A la
Révolution, il fut vendu comme bien national.
D’après les
statistiques d’E. Grosse de 1836 et celles de H. Lepage de 1845, il y
avait toujours à Uruffe un moulin à grains, de bon rapport d’après E.
Grosse.
Au cours du 19ème
siècle, les moulins à eau allaient se voir dépossédés de leur fonction
première au profit de la meunerie industrielle, une histoire évoquée
par Alphonse Daudet dans « Le secret de Maître Cornille ».
C’est ainsi que le moulin d’Uruffe deviendra un moulin à pierres :
la pierre blanche des carrières d’Uruffe, broyée et pulvérisée, sera
employée par l’industrie du verre.
En 1866, un conflit
éclatait entre 16 propriétaires d’Uruffe, qui souhaitaient irriguer
leurs prés grâce à deux barrages sur l’Aroffe, et le propriétaire du
moulin. Ce dernier fut débouté en vertu du Code Napoléon qui autorisait
l’irrigation à condition que les eaux dérivées puissent reprendre leur
cours ordinaire à la sortie des fonds irrigués.
L’année 1897 verra
la fin du moulin d’Uruffe. M. Victor Bon son propriétaire, fabricant de
chaux à Vaucouleurs, renonçait à tous les avantages réglementant son
moulin, devenu peu rentable, et demandait l’exonération des charges lui
incombant pour l’entretien du cours d’eau.
En 1905, la commune
achetait à V. Bon le moulin abandonné et était autorisée à reconstruire
la ventellerie. Le site allait connaître d’autres aventures…
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8) Les Écoles
Celles de la Place communale
L’accroissement de la population au 18ème siècle qui se poursuit au
19ème, va déterminer la commune à entreprendre de grands travaux.
Le premier en date, la création d’une école pour garçons et filles à
partir du plan de 1825 établi par un architecte de Toul, après
l’acquisition Grande Rue d’une vieille bâtisse, complétée par la grange
et l’écurie de l’ancienne maison de l’institutrice donnant sur la
ruelle.
Le premier
instituteur connu, mentionné en 1819, est Paul Grégoire Jeancenelle.
Son fils, Emile, lui succédera en 1848. Le Recteur Soulacroix de Nancy,
en organisant entre 1826 et 1832 des conférences dans les chefs-lieux
d’arrondissement pour les instituteurs, a devancé la loi Guizot de
1833, qui crée les Ecoles Normales
En 1881,
l’instituteur est M. Buzon auquel la commune rend un hommage appuyé,
dont le Courrier de la Meurthe & Moselle se fait l’écho.
Celle de la rue du Ruisseau de la Deuille
Les lois Jules Ferry de 1881-1882 faisant obligation à chaque commune
d’avoir une école laïque et gratuite sont à peine votées que la
commune se préoccupe de faire construire rue du Ruisseau une nouvelle
école pour filles, dotée également d’un asile pour accueillir les
jeunes enfants. L’ancienne école de 1825 continuerait à
fonctionner pour les garçons.
Le 8 avril 1882 le
Conseil municipal votait en faveur de l’acquisition d’un terrain à
bâtir au prix raisonnable de 910 F, appartenant aux époux
François Victor. L’Autorisation était donnée par le Préfet le 9
avril 1883.
La première
institutrice à la rentrée 1886 était une religieuse, Clémentine Cosson,
qui habitait auparavant Place communale avec deux consoeurs ;
toutes trois devaient loger à l’étage du nouveau bâtiment. Des
religieuses de la Doctrine chrétienne sans doute.
« Mais, pourquoi une religieuse ? »
dira-t-on, la séparation de l’Eglise et de l’école publique
impliquant la laïcisation du personnel. La loi Goblet de 1886 avait
prévu le cas ; il n’était pas toujours facile en effet de recruter
des femmes brevetées. A partir du recensement de 1891, sont
nommées désormais des institutrices laïques. La transition s’est faite
ici apparemment sans guerre larvée, ce qui ne fut pas toujours le
cas ailleurs.
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9) Martin Pierson
Martin Pierson est né à Uruffe en 1836. Son père Nicolas Pierson,
un carrier, lui aurait appris à tailler la pierre. Le recensement de
1846 mentionne celui-ci comme maitre de billard, rue
Neuve ; divertissement autrefois des gens aisés, le billard
est devenu celui du peuple. Martin apprendra le
dessin et l’arpentage à l’école du village, Place communale.
Encouragé dans son désir de servir l’Eglise par le curé de la paroisse,
il est placé à 13 ans chez un architecte de Toul, puis admis à 17 ans
dans un atelier de sculpteur à Paris. Sa formation lui permettra
en 1860 d’ouvrir un atelier de statues et de monuments funéraires
à Vaucouleurs, qui deviendra en 1865 d’Institut catholique de
Vaucouleurs.
Sculpteur
funéraire à l’origine, Martin va se lancer dans la production en série
de statues et de mobilier religieux dont beaucoup de nos églises
gardent encore des traces. L’Institut produit des statues
religieuses en pierre, en plâtre, en terre cuite et en fonte de fer,
des vitraux également. Une des réalisations de l’atelier de
Vaucouleurs, la statue de la Vierge en haut de la Tour de Sion.
Monumentale, elle a 7 m de haut, pèse 8 000 kg et fut coulée en fonte à
l’usine de Tusey. Un détail : l’auteur se serait inspiré de la
chevelure bouclée de sa sœur pour la reproduire sur les épaules de la
Vierge.
L’entreprise,
favorisée par l’expansion coloniale, exporte dans le monde entier. A la
mort de Martin en 1900, elle poursuit son activité avec les grandes
canonisations, celle de Jeanne d’Arc entre autres, et avec les
reconstructions d’églises au lendemain de la guerre de 1914. Le déclin
qui se profile à l’horizon amènera la fermeture de l’Institut en 1967
par les arrière-petit-fils du fondateur.
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10) Un nouveau Curé, une nouvelle Église
Lorsque
l’abbé Petitgand arrive dans la paroisse en 1850, il trouve une église
devenue impropre au culte. Avec le Conseil municipal et les
paroissiens, la construction d’une nouvelle église, rue du Ruisseau de
la Deuille, est décidée. La donation du terrain par Martine Lataille,
en religion Sœur Juliette, allait permettre de démarrer la construction
après accord de la famille et enquête sur la fortune de la donatrice.
Le financement serait assuré par la vente des coupes de la forêt, après
agrément du service des Eaux et Forêts.
Les travaux pour la partie livrée au culte allaient être
rondement menés en 1857 par l’entreprise Parisot de Seicheprey, avec
les quatre frères Tassin. Encore fallait-il se préoccuper de
l’ornementation intérieure. Martin Pierson, sculpteur de
formation, devait y œuvrer (table de communion, autels de la Vierge, de
St Nicolas, de Ste Anne et de St Joseph) et c’est à
la libéralité de Sœur Juliette Lataille que l’on doit le Chemin
de Croix en verres peints, mis en place dès 1864.
La toiture s’avérerait rapidement en mauvais état en
raison des infiltrations d’eau, sans pour autant compromettre la
solidité de l’édifice.
Pour la tour du clocher, de 38 m à elle seule, il faudra
attendre 1874. Le coût en serait supporté pour moitié par les bons de
liquidation se montant à 8 350 F, alloués à la commune pour les
dommages de guerre de 1870. Les cloches au nombre de trois, la petite,
la moyenne et la grosse furent fondues à Vricourt par P. Rosier Martin,
et portent les noms de leurs parrains et marraines, M. Etienne
Petitgand étant curé de la paroisse. La liste du conseil municipal en
1874 nous est fournie par M. Gille.
1857-1874 : dix-sept années avaient donc été nécessaires
pour l’achèvement des travaux. L’ouragan de 1875 endommageait la flèche
qui nécessitait des réparations en 1877. L’état du
presbytère allait en outre exiger des travaux qui furent confiés en
1879 à M. Rambaux. Celui-ci devenait créancier de la commune pour
un solde de 4 000 F portant intérêt à 5%, après que la commune eut
versé un acompte de 2000 F. Des réparations urgentes seront à nouveau
entreprises à la fin du siècle par Athanase Lataille.
La deuxième partie du siècle avait donc
été largement occupée par la construction de l’église et par
celle de l’école de filles. Des problèmes surviendront très vite avec
la toiture et la flèche de l’église, l’évêque intervenant à plusieurs
reprises pour y remédier.
Plan du projet d'extension de l'ancienne église
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11) Un orphelinat à Uruffe
Lorsque venant de la rue
Chaussée on emprunte la rue de l’Eglise, on peut voir à droite
une grande bâtisse inhabitée, l’ancien orphelinat. Il fut fondé
au 19ème siècle avec les sœurs de St-Hilaire, sous le ministère
de l’abbé Petitgand, curé de la paroisse.
En 1881, les effectifs de l’orphelinat, qui est aussi une
école libre ou privée, s’élèvent à 18 pensionnaires, à 23 en 1886,
l’encadrement étant alors de cinq personnes adultes parmi lesquelles
une nouvelle venue Adeline Charlet qui devient supérieure de
l’orphelinat en 1891. Les orphelines seront 38 en 1901. Décomptées à
part depuis le recensement de 1886, elles sont intégrées dans la
population totale de la commune qui est cette année-là de 804
habitants.
Au début du 20ème siècle la France se retrouve en pleine
tourmente politico-religieuse, avec les lois religieuses. La loi
de 1901 ne reconnaît plus que les congrégations autorisées, celle de
1904 sous le ministère Combes leur retire le droit d’enseigner. Entre
1901 et 1906, les Sœurs de l’orphelinat vont devoir répondre aux
enquêtes administratives sur la gestion des biens, les états, les
effectifs de l’établissement, comme ce fut le cas pour toutes les
congrégations. L’établissement a pour directrice A. Charlet, en 1906 et
1911. Les orphelines sont désormais scolarisées à l’école communale
jusqu’à l’âge de treize ans. La directrice est assistée d’une
économe, d’une lingère, et d’une maîtresse d’ouvroir auprès de laquelle
les pensionnaires apprennent à exécuter différents travaux de couture
sous la surveillance de l’Inspecteur du travail. L’établissement est
dès lors géré par des laïques.
Le nombre des pensionnaires, qui était de 20 en 1911, est encore de 22
en 1921 pour décroître ensuite. En 1926 il n’y a plus que 9
pensionnaires et une adulte.
Au recensement de 1931, l’orphelinat a vécu.
Au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale, les
Demoiselles de la rue de Metz, qui géraient à Nancy un établissement
d’enseignement ménager, venaient régulièrement en été séjourner à
l’orphelinat. Elles appartenaient à la congrégation des Petites
Servantes du Cœur de Jésus, fondée à Moulins par Anna
Rodier en 1917 avec le soutien d’Hippolyte de La Celle, directeur des
œuvres diocésaines à Moulins, évêque de Nancy à partir de 1920. A.
Rodier et ses sœurs arrivaient à Nancy dans le sillage du prélat à
l’automne 1920 ; découvrant à Nancy un milieu ouvrier misérable,
elles allaient s’investir dans les œuvres sociales et missionnaires.
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12) Le fort de Pagny-la-blanche-côte et la batterie d'Uruffe
Les derniers allemands ont à peine quitté le sol national en septembre
1873 que, déjà, on tire les enseignements de la défaite. La guerre a
fait apparaitre l’inadéquation de notre système défensif hérité de
Vauban. Le relief de côtes et de buttes-témoins s’y prêtant, le général
Séré de Rivières préconise l’aménagement de forts. Parmi ceux-ci, celui
moins connu de Pagny flanqué de deux batteries, celle de Pagny et celle
d’Uruffe à cet endroit du plateau calcaire qui domine de quelque 100 m
à la fois la vallée de la Meuse et celle de l’Aroffe.
En 1881, la
population éparse demeurant au fort comprend 30 personnes réparties
entre 9 ménages pour 3 maisons. Onze personnes, que viennent
renforcer 15 ouvriers étrangers encadrés par deux membres de corps de
troupe, s’activent aux travaux. A celles-ci s’ajoutent 6 épouses et 13
enfants de quelques mois à 15 ans. A la morte saison, les paysans du
coin ont pu aussi apporter leur concours.
Le général Séré de
Rivières fut un peu le Maginot de l’époque. Les forts…en ligne de mire,
déjà, la reconquête future des territoires perdus. Au cours de la
Guerre lorraine de l’été 1914 les ouvrages du Toulois ne serviront pas.
Après le choc de Morhange et la bataille du Grand Couronné, les
opérations se déportent vers la Champagne et l’Aisne, puis dans l’enfer
de Verdun.
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13) Le 20ème siècle jusqu'aux années trente
L’émigration amorcée
précédemment se poursuit par étapes jusqu’en 1931. De 739 habitants en
1901, pensionnaires de l’orphelinat comprises, on passe à 400 habitants
en 1931. L’ère des grands travaux est terminée, mais il manque une
sacristie qu’en 1901 M. et Mme Gromaire-Bernard, en témoignage de leur
piété, s’offrent à faire construire à leurs frais. Vaste et
clarteuse, elle servirait de salle de catéchisme. L’autorisation est
accordée par l’évêque en avril 1901.
Et toujours des réparations dont un devis est
dressé pour la toiture et la flèche de l’église en 1909.
Des travaux plus lourds que prévu. La flèche présentant un
danger sera démontée en 1910 et des réparations devront
aussi être engagées à l’école de filles comme à l’école de garçons en
septembre.
Une reconversion industrielle à Uruffe : le conseil
municipal envisage dès 1927 de mettre à profit la suppression d’une
classe intervenue en 1925, pour installer dans l’ancienne école
un atelier. Un projet de bail locatif de 15 ans avec M.
Berthelot, propriétaire d’une entreprise de chemiserie à Vaucouleurs,
voit le jour. Après accord de l’Inspection académique, les
travaux retardés en 1929, seront réalisés au plus tôt. On peut voir là
le souci de la municipalité d’endiguer la chute démographique. C’est
Marguerite Laurent qui va gérer l’atelier où travaillent 13
femmes d’Uruffe en 1931. On relève par ailleurs 40 femmes travaillant
pour Seligmann. Quant aux Verreries, elles n’emploient encore
pratiquement personne.
Et aujourd’hui Uruffe, à l’aube du 21ème siècle ?
En dehors des deux GAEC, il n’y a plus de cultivateurs ;
disparus aussi les petits commerces et les artisans. Quant aux
Verreries, elles n’emploient plus que très peu de monde. Une usine de
façonnage du bois s’est installée à proximité de l’ancienne scierie.
On note des façades embellies et une extension du village avec des
pavillons récents. Des maisons fort anciennes également, témoins d’un
passé révolu : l’ancienne demeure des Vassimon et rue Chaussée
celle dont la porte s’orne d’ une inscription latine :
« Auxilium Dei nehabitat ex eo loco ». Un peu plus loin, face
à la Voie de Blénod, une ancienne poste aux chevaux. Le
ravalement ici a eu raison de l’inscription, encore visible après la
guerre.
C’est loin tout cela dira-t-on, mais proche aussi en référence à l’échelle du Temps.
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© 15/03/1993 - Christian MOREAU - |
Mise à jour le 18/04/2019 |
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